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Temps de lecture : 8 minutes

TOP 10 des conseils pour aider votre enfant à manger moins de sucres

Une mère fait la cuisine avec sa fille.
Cuisiner en famille pour joindre l'utile à l'agréable.
Crédit photo : Lifestyle Stock / Shutterstock ©

A propos de l'auteure de cet article :
Amélie BRINGUIER est Docteur Chirurgien-dentiste, 1er prix lors de sa thèse, fait de la recherche scientifique depuis la fin de ses études et est surtout maman de 2 enfants. Amélie s'est formée à la diversification alimentaire et souhaite partager avec les autres parents ses conseils afin que les enfants prennent de bonnes habitudes alimentaires, qu'ils grandissent en bonne santé et deviennent des adultes informés et maîtres de leur santé.
Nous remercions Amélie d'avoir partagé avec nous ses précieux conseils.

Aimer le sucré, est-ce naturel chez un bébé ?

Mère allaite son petit bébé.
Dès sa naissance, le bébé va préférer le goût sucré. C'est physiologique.

Il est facile de remarquer que la plupart des enfants sont plus attirés par des aliments sucrés que par un plat de légumes. Cela est facile à comprendre : c'est physiologique, cela est lié à un "réflexe de survie". C'est un "réflexe de survie", car à sa naissance le bébé, quelle que soit sa culture, va aimer le goût sucré, le chercher et rejeter les autres goûts. Si le bébé est posé sur le ventre de sa mère, il va ramper pour aller vers le sein et commencer à téter très rapidement (et même s'il n'a pas encore ouvert les yeux). Dans "la Nature", c'est un réflexe très important pour le bébé et c'est pour cela qu'aujourd'hui nous gardons cette attirance pour le goût sucré. Nous parlons ainsi du "palais sucré".

Le "palais sucré" c'est une façon de parler des goûts et du développement du goût. On pense souvent que la langue permet de sentir le goût, mais c'est plutôt le palais. Nous mâchons et la langue permet de déglutir. Les aliments sont appliqués sur le palais où il y a les récepteurs du goût. Cette zone est très proche de la base du nez. Quand un plat sent bon, le goût est encore meilleur !

Mais ce "palais sucré" peut s'atténuer à partir de 6 mois et diversifier les goûts vers le salé, l'acide et l'amer. Attention alors à ne pas l'entretenir en proposant systématiquement des aliments sucrés aux bébés (compotes, jus de fruits, miel, biscuits, etc.) et ensuite des gâteaux, viennoiseries, bonbons et sodas aux enfants plus grands. Cette attirance vers le sucré, au départ innée, peut s'installer au détriment des aliments sains qui contiennent une plus grande palette de goûts.

Le sucre et la santé dentaire

À l'heure actuelle, nous connaissons tous l'effet d'une consommation excessive de sucre sur la santé dentaire. Dès le plus jeune âge, nous sensibilisons les enfants à modérer leur consommation de bonbons et de boissons sucrées. Trois enfants sur quatre mangent trop de sucre, alerte l'Agence sanitaire Anses dans ses nouvelles recommandations alimentaires.

Une fille apprend à prendre soins de ses dents.

Le sucre de l'alimentation nourrit certaines bactéries présentes dans la bouche, et celles-ci vont se multiplier au sein de l'écosystème bactérien de la bouche (microbiote buccal) et produire des acides qui attaquent l'émail des dents, jusqu'à faire des trous, provoquant des caries. La carie est la première maladie infectieuse des enfants.

Mais il n'y a pas que les bonbons qui font ce travail destructeur. Tous les aliments qui contiennent du glucose, du fructose, du lactose ou de maltose participent au même phénomène, soit la plupart des biscuits et céréales que consomment les enfants chaque jour. Les principaux sucres présents dans les aliments sont à découvrir dans cet article.

Pain de mie, biscuits, gâteaux, barres chocolatées, pâtes à tartiner, cracottes, céréales du petit-déjeuner, viennoiseries sont fabriqués en grande partie avec des farines très raffinées et du sucre ajouté.

Un verre de jus de fruit.
Tous les jus de fruits sont autant sucrés qu'un soda...

Les jus de fruits, compotes et confitures ne contiennent plus les fibres et les vitamines des fruits, mais contiennent tous leurs sucres, même quand ils sont faits maison. Même s'ils paraissent plus "naturels", tous les jus de fruits sont autant sucrés qu'un soda... Il suffit de regarder les étiquettes des bouteilles et noter l'équivalence des lignes "Glucides - dont sucres". Pour les jus de fruits pressés, c'est un peu plus complexe, car il y a 2 effets. Déjà, il faut additionner la quantité de sucre présent dans le fruit en fonction du nombre de fruits utilisés pour remplir un verre. Typiquement, il faut bien 2 oranges pour remplir un verre moyen. Deuxièmement, presser le fruit augmente son index glycémique (IG) car on supprime toutes les fibres. Plus un aliment a un index glycémique élevé, plus il "demande" d'insuline et plus il est "véritablement sucré" au niveau métabolique.

Mais en plus de cela, tous ces produits destinés aux enfants contiennent le plus souvent des sucres ajoutés : amidon modifié, sirop de glucose-fructose... Ce sont des exhausteurs de goût et des conservateurs bon marché !

Finalement, ces aliments n'apportent rien de bon à nos enfants en pleine croissance.

Le sucre est aussi responsable d'autres dysfonctionnements et maladies

Une alimentation trop riche en glucides (sucres simples et sucres lents) favorise aussi le surpoids et les maladies qui sont liés...

Un bol avec les bonbons et une main d'enfant.
Les aliments riches en sucres agissent aussi sur l'humeur et le comportement.

Les glucides agissent aussi sur l'humeur et le comportement. Leur digestion entraîne l'action de l'insuline et déclenche la libération d'hormone du stress (cortisol) et d'adrénaline. Cela augmente la nervosité et l'agitation.

Plusieurs études montrent la corrélation entre l'exposition des enfants à des aliments riches en sucres et les problèmes de comportement. Un lien entre hyperactivité (TDAH) et alimentation riche en glucides a été mis en évidence aux Pays Bas en 2011 dans une étude qui montrait l'amélioration de nombreux enfants hyperactifs après de simples changements alimentaires.

Mais sachez que même si vos enfants n'ont pas de problèmes de poids ou de caries... alors qu'ils mangent beaucoup de glucides, cela ne signifie pas qu'ils n'ont pas ou n'auront pas d'impact sur eux.

Finalement, quelle quantité de sucre à ne pas dépasser ?

On me pose souvent cette question, mais en l'état actuel de mes connaissances, je ne pourrai pas formuler quelque chose d'aussi simple. Le sucre, plutôt glucose, est une source de "carburant" pour nos cellules. Mais ce n'est pas la seule. Notre corps est un "véhicule" hybride.

Aujourd'hui, nous comprenons que baser notre alimentation sur les glucides (et vivre sous l'influence de la glycémie - quantité de sucre dans le sang) entraîne un quantité importante de maladies "de civilisation". On parle de résistance à l'insuline. Avant d'être résistant à l'insuline, un moindre signe de dysfonctionnement lié au métabolisme est un signe d'intolérance aux glucides.

Ce que mangent vos enfants aujourd'hui détermine en grande partie leur santé future !

Heureusement, les enfants ont une capacité d'adaptation incroyable !

Avec ces conseils assez simples, vous allez pouvoir éduquer votre enfant au goût et le guider vers des aliments sains pour ses dents et sa santé.

#1. Livres de recettes illustrés pour enfants

Regardez des livres de recettes illustrés avec votre enfant et restez attentif à ce qui l'attire. Commentez certaines recettes avec votre expérience gustative ou des souvenirs d'enfance.

#2. Ne mettez pas systématiquement le côté sain en avant

Les enfants fonctionnent beaucoup plus dans l'instant présent. Ils sont plus sensibles à la gratification immédiate du gâteau qu'à son effet sur la santé à long terme... Discutez avec votre enfant sur le registre de la découverte et du plaisir de goûter un aliment qu'il ne connaît pas. Discutez avec lui pour comprendre ses préférences, car ce sera déjà une bonne base pour démarrer.

#3. Ne renoncez pas

Quand votre enfant va goûter un nouvel aliment, surtout s'il a une saveur prononcée, il vous dira sûrement qu'il ne l'aime pas. L'erreur serait de penser qu'il ne l'aimera jamais. En pratique, il est intéressant de savoir qu'il faut avoir goûté 10 à 15 fois pour pouvoir dire si on l'aime ou pas. Un enfant peut donc apprendre à manger de tout si on l'aide à s'y entraîner. Au final, votre enfant ne mangera pas un aliment parce qu'il l'aime, mais il l'aimera parce qu'il le mange.

#4. Cuisinez en famille

Petit garçon casse un oeuf pour faire une omelette.
Faites participer votre enfant à la préparation des repas. Il y goûtera avec plus de plaisir.
Crédit photo : Voyagerix / Shutterstock ©

Faites participer votre enfant à la préparation des repas. Il aimera sentir, manipuler, nommer les aliments et déguster le plat qu'il aura préparé. Cuisiner avec plusieurs enfants crée une émulation entre eux : ils comparent les goûts, s'encouragent à goûter et ils se sentent fiers d'apprendre de nouvelles choses.

#5. Faites les courses ensemble

Une mère fait ses courses avec son enfant.
Faire les courses ensemble est un parfait moyen d'initier votre enfant aux nouveaux goûts.
Crédit photo : Aleksei Potov / Shutterstock ©

Allez au marché ensemble régulièrement et choisissez des aliments en plein air. Si vous allez au supermarché avec votre enfant, évitez de faire tous les rayons. Évitez les rayons centraux... et passez dans les rayons périphériques (boucherie, poissonnerie, fruits et légumes, produits laitiers, huiles, farines et céréales non transformées. En choisissant les paquets, suivez "la règle des 5 ingrédients" (n'achetez pas un produit dont la liste des ingrédients dépasse 5) et demandez à votre enfant de vous aider à vérifier. Évitez tant que possible la nourriture industrielle conditionnée, car elle contient très souvent des sucres cachés…

#6. Décryptez les étiquettes ensemble

Quand vous faites vos courses, apprenez à votre enfant à décrypter les étiquettes des emballages. Parlez des noms qui y figure et s'ils font penser à un aliment qu'il connaît ou à quelque chose d'inconnu.

#7. Organisez des sorties "cueillette" avec vos enfants

Petite fille mange une pomme fans un champs de pommiers.
Faites découvrir de nouvelles saveurs à vos enfants lors de sorties 'cueillette'.

Avec l'aspect ludique, les enfants vont pouvoir découvrir de nouvelles saveurs et faire le lien à la terre. Vous pouvez aller en nature pour la cueillette de baies et de fruits (mûres, châtaignes…) ou au potager chez vous, dans les jardins partagés ou encore à la ferme (certains producteurs vous reçoivent pour la vente de leurs produits et vous laissent cueillir, renseignez-vous).

#8. Allez-y progressivement

Quand votre enfant n'aime pas un aliment, familiarisez-le lentement, en le mélangeant à d'autres aliments qu'il aime par exemple. Sachez qu'il peut avoir une vraie aversion pour quelque chose : dans ce cas, n'insistez pas...

#9. Variez les recettes...

...les textures, les saveurs. Vous habituerez ainsi votre enfant à ne pas rester sur des goûts similaires.

#10. Montrez l'exemple

Montrez-lui que vous goûtez de nouvelles choses. Mangez de tout et expliquez-lui vos préférences. Les enfants nous imitent. Pour se positionner dans la famille ou dans son groupe d'amis, votre enfant va expérimenter des sensations ou les rejeter et inhiber ou affirmer certains choix pour s'intégrer au groupe.

#11. Enseignez-lui l'alimentation

Décorer l'assiette des enfants - salade coccinelle.
Agréable pour les yeux aussi !
Crédit photo : Anastasia_Panait / Shutterstock ©

Parlez ensemble des fruits et légumes de saison. Donnez-lui quelques repères nutritionnels. Expliquez simplement comment on équilibre un repas. Pourquoi on ne mange pas qu'un seul type d'aliment. De quoi son corps a besoin pour grandir. Vous trouverez un tas de livres pour enfants à ce sujet et un bon dessin animé bien connu !

#12. Vivent les épices !

Dans vos préparations maison, diminuez le sucre au profit d'épices (cannelle, vanille, cardamome, gingembre, anis étoilé)...

#13. Créez une atmosphère de repas chaleureuse

Il est important de créer un contexte de consommation chaleureux, un climat affectif et agréable, afin que l'enfant associe un goût avec un souvenir plaisant. Évitez que le repas soit un moment où l'on aborde les sujets qui fâchent. Les moments de repas, ce sont aussi des moments privilégiés de partage. Si tout le monde mange dans son coin, cela ne favorise pas l'apprentissage.

Entre 6 mois et 2 ans, la période est cruciale !

Le refus de goûter des aliments nouveaux (néophobie alimentaire) se manifeste à partir de l'âge de 2 ans et diminuerait vers 7 ans. Ainsi, la période 2-7 ans est une période difficile pour l'introduction de nouvelles saveurs. Entre 6 mois et 2 ans, la période est donc cruciale ! Plus il y aura une grande variété d'aliments avant l'âge de 2 ans, moins votre enfant sera retissant à goûter autre chose plus tard. Vers 7-8 ans, cela s'atténue surtout si vous avez persévéré à éduquer son goût, sinon cela peut perdurer à l'âge adulte.

Portez-vous bien !